Il semble exister deux modèles de ce curieux petit appareil, et peut-être même un troisième intermédiaire : celui-ci en est la première version, reconnaissable à la tige du déclencheur, longue et dépourvue de filetage pour accessoire souple. Par ailleurs le sélecteur de diaphragme ressemble à une simple aiguille de compteur automobile, que l'on positionne en regard du chiffre voulu. Par la suite cette aiguille se terminera par une fenêtre encadrant la valeur sélectionnée, et le déclencheur sera plus court, fileté en bout. Un exemplaire possédant le déclencheur long et l'aiguille à fenêtre a cependant pu être observé, faisant la transition.

Le Stereo Rocca est souvent présenté comme étant inspiré de l' Iso Duplex 120, mais de fabrication plus sommaire. Ce qui est curieux, c'est qu'il est sorti quelques mois avant l'appareil ayant servi de modèle ! Il est plus vraisemblable que ce soit le Super 120 qui en soit l'origine : un prototype de l'ISO Duplex Super 120 a en effet été présenté en avril 1955 à la foire de Milan et on retrouvera un an plus tard cet appareil aux côtés de son petit frère, le Duplex 120. Les premières publicités pour le Stereo Rocca apparaissent en décembre 1955, ce qui veut dire que l'appareil aurait été développé en moins de 8 mois. On sait par ailleurs que des accords entre la ISO et Kinax ont permis de commercialiser (et breveter) le Duplex Super 120 en France, sous le nom de Kinax 3D. Y aurait-il eu des accords avec les japonais pour sortir le Stereo Rocca, avant que finalement la firme milanaise ne produise elle-même une version simplifiée ?
Dans tous les cas, la similarité est manifeste, avec un format identique (24 x 23 mm) sur pellicule 120 à défilement vertical, bien que le Stereo Rocca soit plus petit d'environ un tiers (mais plus épais). A moins d'admettre que certains concepts ne voient le jour en même temps à différents endroits du monde...

De fait, le Stereo Rocca utilise beaucoup de plastique pour sa construction, avec un aspect de surface "façon cuir" du plus bel effet. Mais l'ensemble ne donne pas l'impression d'un jouet même si les possibilités techniques sont limitées. Au delà du boîtier, de nombreux éléments métalliques sont présents, comme le viseur, les volets coulissants d'occultation des regards inactiniques, l'entourage des objectifs, et bien sûr l'obturateur. Quand l'appareil est ouvert et la pellicule en place, il faut glisser un curieux presse-film en tôle pliée, incurvé, qui servira de glissière à la pièce assurant la fermeture du côté. Il y a même une superbe molette crantée assurant l'entraînement de la pellicule, en aluminium massif, donnant du poids à l'ensemble.
On contrôle le passage d'un couple de vues à l'autre au moyen de deux regards inactiniques au dos, un même numéro inscrit sur le papier protecteur devant s'aligner au premier regard, puis au second à la paire suivante, les pellicules 120 ne comportant aucune numérotation spécifique pour ce format inhabituel.
L'armement de l'obturateur se fait au moyen de l'ergot au dessus des objectifs, se déplaçant en quart de cercle. L'aiguille au dessous sélectionne l'ouverture (entre 8 et 16) et le petit bouton rond en bas à droite alterne entre Instantané et Pose (I et B).
Sur le côté droit, deux connecteurs servent au montage et à la synchronisation d'un flash spécial. Sous l'appareil se trouve un écrou de pied (petit pas). Quand on sait que le déclencheur a une course de plus d'un centimètre, il vaut mieux en effet stabiliser l'appareil pour éviter les perspectives fuyantes et les flous de bougé !